Wei Cai est Chief Technology Officer de Technip Energies.
Avant de rejoindre l'entreprise, Wei a passé plus de 18 ans dans notre secteur, dans des rôles fortement axés sur la technologie et la R&D. Elle est titulaire d'un doctorat en chimie des matériaux de l'université de Wisconsin-Madison. La Diversité et l'Inclusion ont toujours tenu une place importante dans son style de management.
En quoi consiste le rôle de Chief Technology Officer et pourquoi est-il si important aujourd'hui ?
Lorsque j'ai rejoint Technip Energies à la fin de l'année 2021, j'ai réalisé que l'ambition de l'entreprise était de passer d'une société d’ingénierie avec une offre technologique à une société technologique avec de fortes capacités d'ingénierie. Pour moi, cela signifie amplifier l'ADN technologique de l'entreprise.
Cette transition est un défi stimulant à relever. Cela commence par la mise en place d’un cadre technologique en accord avec notre stratégie d'entreprise, qui consiste à nous focaliser sur nos quatre piliers de la transition énergétique : le Gaz et le GNL bas carbone, la Chimie durable, la Décarbonation et les Solutions énergétiques zéro carbone. Ce faisant, nous devons progressivement renforcer nos capacités internes, nourrir l'innovation ouverte non seulement en interne, mais aussi en mettant en œuvre des alliances stratégiques et en travaillant avec divers acteurs de l'écosystème externe, comme les start-ups et les instituts de recherche. Au fur et à mesure que nous développons notre stratégie technologique, une forte rigueur d'exécution dans la recherche et le développement (R&D) est indispensable pour obtenir des résultats sur le plan commercial et avoir un impact en matière d’ESG. Nous devons mettre en œuvre une méthodologie permettant de mesurer notre succès ainsi qu’un modèle opérationnel en coordination avec nos Lignes de produits et les Fonctions clés.
Notre stratégie de développement des talents est tout aussi importante, si ce n'est plus. Nous ne pouvons pas réussir dans les domaines de la technologie et de l'innovation sans des équipes de premier plan. En travaillant avec les Ressources Humaines, nous privilégions trois priorités en matière de développement des talents techniques : premièrement, nous appuyer sur les talents déjà présents dans l’entreprise, en reliant et en amplifiant notre réseau d’experts interne, comme le programme d'expertise technique. Deuxièmement, promouvoir la culture de l'innovation par le biais d’initiatives telles que la formation à la propriété intellectuelle, le challenge interne d'innovation, pour ne citer que deux exemples. Le troisième aspect est la cartographie des talents. Avec nos centres opérationnels, nous identifions continuellement et comblons les lacunes en matière de talents au fur et à mesure que notre entreprise se développe.
Comment attirez-vous, faites progresser et retenez les compétences techniques et les experts au sein de l'entreprise ?
Je dirais qu'il y a deux facteurs clés : le premier est d’inspirer et d’attirer les gens par un travail stimulant et gratifiant. Nous sommes bien positionnés chez Technip Energies car notre activité et notre impact en faveur de la transition énergétique sont très motivants. Notre ambition d'aider le monde à résoudre ce défi nous motive tous.
Ensuite, une fois que les talents techniques ont rejoint l'entreprise, nous devons leur permettre de se développer et de s'épanouir. Nous souhaitons offrir un environnement permettant à chaque collaborateur de développer ses compétences et de progresser dans son parcours professionnel. D'après mon expérience, les gens se soucient davantage de ce qu'ils font au quotidien et de l'impact qu'ils ont ; ils veulent sentir qu'ils contribuent et font partie de quelque chose de grand. Chaque individu est différent, mais mon travail, et celui de mon équipe, consiste à déceler le “feu interne” de chaque collaborateur, à l'allumer et à l'entretenir ! C'est ainsi que l'on retient les meilleurs éléments.
Selon vous, quelles sont les technologies qui auront le plus d'impact au cours des prochaines années en termes de réduction des émissions de carbone en vue d’atteindre le net-zéro ? Pouvez-vous donner quelques exemples ?
Il n'y a pas de solution miracle pour atteindre le net-zéro et cela implique plusieurs approches. La première est l'électrification, qui consiste à produire autant d’électrons verts que possible, en utilisant l’énergie solaire et éolienne ou d’autres sources d’énergie renouvelable. La deuxième est l'amélioration de l'efficacité énergétique, afin de réduire les émissions de carbone. Au cours des cinq à dix prochaines années, nous assisterons à une forte croissance des technologies de captage, d'utilisation et de stockage du carbone. Ce sont les solutions les plus évidentes, mais elles ne suffisent pas.
Nous devons également nous attaquer à la source du carbone dans notre vie quotidienne, dans les produits chimiques et les plastiques que nous utilisons, ainsi que dans les tissus que nous portons. Beaucoup de produits proviennent des combustibles fossiles. Nous devons donc envisager des combustibles de substitution, en utilisant différentes molécules, notamment des matières biosourcées, de l'hydrogène et de l'ammoniac propres. Nous devons examiner l'ensemble de la chaîne de valeur énergétique et proposer des idées de technologies qui répondent aux problématiques de chaque bloc. Certaines technologies donneront des résultats rapidement, d'autres prendront plus de temps. C'est ainsi que nous avons construit notre feuille de route pour positionner notre portefeuille de technologies selon différentes échéances.
Quelles sont les avancées technologiques nécessaires pour accélérer l'évolution vers le "net-zéro" ?
Des coûts abordables sont essentiels. Par exemple, nous disposons de la technologie nécessaire pour produire de l'hydrogène par électrolyse, mais le coût reste un écueil majeur. C'est pourquoi les gouvernements proposent des incitations notamment des financements pour construire des unités pilotes de captage du carbone et de production d'hydrogène, afin d'encourager des avancées réduisant les coûts.
Nous voyons beaucoup de bonnes idées dans les laboratoires qui peuvent être mises en œuvre d’un point de vue scientifique. Le défi consiste à faire sortir ces idées du laboratoire et à trouver le bon moyen de les mettre en œuvre à une échelle commerciale et de les industrialiser. Et c'est là que nos compétences en ingénierie et notre expérience peuvent aider. Notre travail consiste à prendre les innovations de laboratoire et à en faire des produits et solutions avec une valeur commerciale.
Une production à l’échelle commerciale implique d’importants investissements, mais elle génère également une réduction des coûts. Et elle fait appel à des nombreux acteurs différents, des Régulateurs pour définir les réglementations et normes de financement, en passant par la coordination des consortiums pour réduire les risques. Chacun a un rôle à jouer.
C'est pourquoi nous soutenons l'innovation ouverte, en tirant parti de l'écosystème d’innovation et en suivant les différentes opportunités mondiales. En unissant nos forces à celles du MIT, de Stanford et d'un grand nombre d'universités, nous travaillons avec beaucoup de start-ups et notamment sur leurs technologies. Nous les évaluons ensuite au cas par cas, afin de collaborer, ainsi qu'avec certaines grandes entreprises du secteur de l'énergie comme Shell sur son campus d'Amsterdam, pour accélérer le développement.
En tant que leader dans le secteur, quel est votre message aux femmes qui envisagent de faire carrière dans le domaine des STEM ?
Le message que j'adresse aux femmes qui envisagent de faire carrière dans les STEM (sciences, technologies, ingénierie, mathématiques) est le suivant : ayez confiance en vous, allez vers les autres et ne sous-estimez pas votre talent. Je suis heureuse de constater que chez Technip Energies, 50 % de nos nouvelles recrues fraîchement diplômées sont des femmes. Cela est possible parce que la démographie évolue dans les universités et grâce aux efforts déployés pour encourager les jeunes filles dans le domaine des STEM. Le nombre de femmes diplômées augmente ainsi.
Lorsque ces jeunes femmes ingénieures rejoignent l'entreprise, il est important de favoriser leur développement tout au long de leur carrière, de les former, de leur donner la visibilité adéquate, de les faire travailler sur des projets intéressants et de leur fournir des mentors. En tant que leaders, nous devons faire grandir et faire progresser activement les femmes. Plus généralement, chez Technip Energies, nous mettons en place des programmes internes qui couvrent, entre autres, le repérage des biais, du mentoring et du coaching. Je crois qu'il est essentiel de disposer d'un espace où chacun peut discuter de ses défis, en tirer des enseignements et s'épanouir.